Ici, chez Adoma, on parle presque tous arabe. Des fois, on passe du temps ensemble. On recrée l Algérie sur le parvis de la résidence, avec le soleil et la vue sur la mer. Du balcon, on voit l hôtel River Palace, un grand bâtiment. J y ai travaillé pendant 7 ans. Le bâtiment, les chantiers, c est dur. Je prends des médicaments pour la jambe et fais les visites à l hôpital de Monaco. Mais des souvenirs, y en a pas ici. C est là-bas, en Algérie, les souvenirs. Quand je suis parti, ils étaient trop petits 5 ans, 3 ans, 1 an et 1 an et demi. La première chose à laquelle je pense le matin, c est ma femme : Mariama. Elle te ressemble. Je n aime rien ici, je reste pour envoyer l argent à ma famille. Le but de ma vie, c est eux. Ici, je suis malade, un peu fatigué. Seul sans la famille, ma religion m aide beaucoup. Portrait d Ahmed, dit le prince de Constantine. Photographies Benjamin Barda

Le 11 janvier 1987, tout a changé. Ma vie était terne. À 20 ans, mon père est mort et j ai loupé mon BAC pour la seconde fois. Je me suis occupé de ma mère à la ferme. C est pas évident ! Ma famille me rejetait à cause de mes crises d épilepsie. Je n avais pas de formation professionnelle. À chaque fois que j arrivais à faire quelque chose, boum ! Tout s écroulait. À partir du 11 janvier, j ai fait du stop. Des Pyrénées à la Loire, mon chapeau d explorateur sur la tête. Dans ce monde corrompu, j ai fait des rencontres merveilleuses. En 2006, je suis resté à Beausoleil, parce que j aimais une femme. Brigitte. Maintenant, je suis bien dans cette résidence Adoma. Avec la vue sur mer ! Parfois, j aimerais qu il y ait plus de partage entre locataires, mais il faut être patient. Portrait de Georges, le sermon de la montagne. Photographies Benjamin Barda