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Parcours d'un ancien travailleur migrant à la retraite

Horizon 63-avril-mai-juin 2010

Ces premiers habitants des chambres des foyers-hôtels construits par Adoma dès 1957 où ils vivaient collectivement, sont relogés aujourd’hui dans les studios des résidences sociales amenées à remplacer peu à peu ces foyers d’une autre époque.
Ali Kakouche vit dans la résidence « Rapatel », à Montreuil (93). L’histoire qu’il raconte est celle de milliers de travailleurs algériens. C’est l’histoire d’une génération totalement dévouée, qui a tout quitté pour tenter de faire vivre les familles restées au village.

Ce ne devait être qu’un passage, ils sont restés toute leur vie en France. Tenue vestimentaire impeccable, l’oeil pétillant, Ali Kakouche, 63 ans, nous accueille dans le vaste hall lumineux de la résidence  « Rapatel ». « Avant, j’habitais déjà à Montreuil, mais dans un autre endroit, au foyer des Ruffins. Ici, j’ai pu choisir mon nouveau logement sur plan, c’est plus grand, plus confortable », nous explique-t-il dans un français parfait.

En 2003, Ali s’installe dans la résidence Rapatel, à Montreuil, après plus de 40 années passées dans des foyers. Il fait partie des premiers habitants de cette nouvelle génération de résidence sociale adaptée aux problématiques des personnes vieillissantes. Cette petite résidence de 69 logements accueille majoritairement des personnes retraitées et de nationalité algérienne. (…) Une enquête du ministère de l’Intérieur réalisée en 1953 recense 240 000 Français musulmans d’Algérie présents en métropole.

Adoma est créée en 1956 pour les loger et proposer une alternative aux meublés vétustes et aux bidonvilles qui, à l’époque, se constituent en périphérie des villes. Les bidonvilles, Ali les connaît bien puisqu’il passe deux ans dans l’un des plus importants de la région parisienne, celui de Nanterre. Le travail ne manque alors pas et il enchaîne les métiers de manoeuvre dans les usines ou les petits ateliers. (…).

À la retraite depuis 2007, il se rend deux ou trois fois par an dans son pays d’origine et « ne rate jamais la fête du mouton ». Ses enfants – trois garçons et une fille – vivent en Algérie et sont tous allés à l’université, grâce à ses efforts. Sa femme, Malika, est venue le voir quatre ou cinq fois, il ne sait plus… C’est peu. Mais lui, il préfère la France : « Je préfère ici, les mentalités sontdifférentes, mes amis sont autour de moi etje peux me faire soigner. » Car, comme beaucoup de ces travailleurs algériens qui ont dû endurer des travaux souvent pénibles, Ali a une santé devenue fragile.
publié le lundi 27 Juin 2011, mis à jour le mardi 9 Juillet 2019

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