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Portrait de la famille Lambert : " Nous sommes des gens ordinaires"

La Clé n° 2 - janvier/février/mars 2012

Aubervilliers, Seine-Saint-Denis (93). Au bout d’un chemin goudronné, se détachent voitures et caravanes, disposées sur les places de stationnement de l’aire d’accueil pour Gens du voyage construite et gérée par Adoma. Celles-ci sont réparties autour de blocs sanitaires, équipés d’un évier, d’une douche et WC, dotés d’un raccordement à l’eau et l’électricité et de branchements pour lave-linge, sèche-linge...  Adoma gère 61 aires d’accueil de ce type offrant 1 502 places pour une durée de séjour comprise entre trois à cinq mois, renouvelable en cas de scolarisation d’enfants.


Michel Lambert et sa femme Violette font partie de ces 500 000 gens du voyage qui sillonnent le pays d’une année sur l’autre. Ils occupent une des trois caravanes familiales disposées en L dans l’un des angles du terrain. Dans la seconde vit la famille de l’une de leurs filles, la troisième leur sert de cuisine collective.
« Notre bonheur est dans la famille. » Père de six enfants et grand-père de 13 petits-enfants, Michel est comblé. « Au fur et à mesure que les enfants grandissent, la file de caravanes s’allonge aussi, car les nouvelles générations ont la même soif de liberté. » explique-t-il fièrement. Né à Bordeaux il y a 61 ans, aîné d’une fratrie de deux filles et deux garçons, il a toujours vécu au sein de sa communauté. Un Manouche et fier de l’être. « Suivant les régions, les Tziganes sont Manouches, Gitans, Yéniches, Sintés ou Hongrois d’origine. Nous sommes des gens ordinaires, tous citoyens français depuis des siècles et travaillons durement pour assurer notre pain quotidien ». Il tient à préciser, comme à chaque fois avec les « gadje », les sédentaires, que les Roms ne sont pas gens du voyage mais issus des pays de l’Est, poussés par la pauvreté, et veulent se sédentariser.
 
« Nous ne chômons pas et partons à l’aventure en quête de travaux, faisant souvent du porte-à-porte ». Les activités les plus courantes sont la chine, l’élagage, le jardinage et les marchés. « Mes parents vendaient de la dentelle, des rideaux. J’ai repris le flambeau très tôt. Je n’ai connu que l’école primaire où je suis allé dans différents établissements durant six ans. »  Il évoque à demi-mots la crise économique qui les frappe au premier plan, avec une législation plus contraignante vers la formalisation de leurs activités. « On s’y plie. On n’a pas le choix. De même, le carnet de circulation retrace tous nos déplacements et nous expose à des amendes, s’il n’est pas tamponné à chaque fois ».
Il regrette le nombre insuffisant d’aires d’accueil qui ne permet pas d’assurer à tous un hiver tranquille, et rêve d’accéder à un terrain familial qui garantirait à toute sa descendance un séjour à la carte.
 
Aujourd’hui l’âge a fini par le rattraper, l’envie de partir est toujours là, mais il se consacre pleinement depuis une dizaine d’années à son rôle de médiateur, au sein de l’Association Familiale des Gens du Voyage d’Ile-de-France (AFGVIF), qu’il codirige. Dans son intervention auprès des collectivités, son opiniâtreté à améliorer l’intégration de sa communauté est reconnue. « On essaye de faire le mieux possible ! » résume-t-il simplement.
publié le jeudi 5 Janvier 2012, mis à jour le mercredi 18 Avril 2012

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